Le management du risque implique gouvernance et modélisation des bonnes pratiques
La réflexion de Primo France peut accompagner la question du choix entre compétences dédiées ou généralisées du « risk- management ». Primo est un « think-tank » européen dédié à la gestion du risque public. L’association a été créée à la suite d’une étude réalisée en 2002 et en 2004, mesurant la préparation et l’appréciation du risque dans les différents secteurs d’activité d’une part, et dans les différents pays européens d’autre part. Trois constats en ont émergé :
– le niveau d’appréhension des collectivités est moyen
– la proactivité est forte en Europe du Nord alors que le fatalisme prévaut dans le Sud
– les collectivités se focalisent sur le risque naturel pour lequel la proactivité est croissante.
L’Union des Dirigeants Territoriaux Européens (UDITE) a estimé qu’une sensibilisation des organisations publiques aux risques était nécessaire et a donc créé l’association, Primo, dédiée aux risques.
Primo Europe et Primo France comptent à la fois des partenaires (instituts, associations travaillant sur le risque) et des contributeurs (sociétés privées, structures nationales). Nous organisons des rencontres, de la formation, des études et des ateliers régionaux. Nos thématiques sont diverses et notre spécialisation porte sur la gouvernance du risque et la définition des règles de bonnes pratiques. À ce titre, nous effectuons une « radioscopie » de l’appréhension du risque par les collectivités. Cette enquête révèle que les dirigeants territoriaux sont conscients des enjeux et de leur urgence, et soumis à davantage de pression citoyenne qui pose la question de l’acceptabilité sociale du risque. Interrogés sur les risques futurs, les responsables territoriaux citent l’atteinte à l’environnement, la mise en cause de la responsabilité publique, la continuité du service public et les risques liés aux Partenariat Public-Privé (PPP).
Un temps délaissé, le recours à l’auto-assurance réapparaît et implique, de la part des collectivités, une bonne connaissance de leur risque patrimonial. Par ailleurs, les collectivités sont demandeuses de référentiels et de standards, favorisant l’acquisition de bonnes pratiques.
En conclusion, si la technicité et la culture du risque permettent aujourd’hui globalement aux collectivités d’y faire face, il est moins évident de constater la consolidation d’un comité des risques au niveau de la direction générale. Le management du risque suppose une approche globale, transversale et cohérente.
Dans la suite vous pourrez consulter les échanges avec la salle.
Échanges avec la salle / Un management du risque transversal, dynamisant et cohérent
De la salle (Fabien MALLERET, Responsable Qualité, sécurité, environnement, Ville de Nancy)
Je suis chargé de conseiller le DGS de la Ville de Nancy dans le cadre d’une stratégie de management des risques. Cela passe par l’identification des politiques de prévention menées dans les services, afin de mesurer leur avancement et leur performance. La définition des objectifs en matière de prévention des risques fait l’objet d’un reporting à la hiérarchie, et les chefs de service disposent de feuilles de route reprenant l’ensemble de la politique sécurité, qualité et développement durable. Actuellement, nous élaborons un diagnostic pour aboutir à une cartographie des risques et nous organisons une veille collective.
Patrice GIROT
Face aux risques, les collectivités ont longtemps représenté le coupable solvable
La culture du risque actuelle ne doit pas aboutir à une culture de la précaution qui paralyserait les initiatives.
Gérard COMBE
Seule l’analyse des risques en amont peut éventuellement donner lieu au principe de précaution. Gérer le risque doit rester un élément dynamisant et non inhibiteur de l’action.
Fabien MALLERET
Notre démarche est d’ailleurs bien accueillie par les services de la Ville de Nancy. Cette démarche est indissociable d’une approche de la qualité et de l’environnement.
Michel NAMURA
La fonction de conseil en management des risques auprès du DGS émerge. Toutefois, on ne délègue pas à cette fonction la responsabilité de la prévention des risques et des crises.
Gérard COMBE
Le chief executive est l’équivalent britannique du risk manager. En France, notre niveau de responsabilité dans la structure communale est différent.
Benoît HANNART
Le risque ne s’envisage pas au moment de la crise. Les industries à risques peuvent nous inspirer dans leur traitement des procédures en amont.
Gérard COMBE
Ce ne sont pas les activités à haut risque qui comptent le plus de risk managers, car la culture du risque est partagée par chaque responsable.
De la salle (Laurent BACQUART, DGS de la Ville de Saint-Michel-sur-Orge)
Dans une logique de silo, les responsables identifient bien les risques liés à l’activité qui leur est propre. En revanche, l’approche globale rime trop souvent avec la seule appréciation des risques à l’occasion d’une renégociation des contrats d’assurances. Pourtant, l’anticipation est importante. Par exemple, que décider lorsqu’un Plan Local d’Urbanisme (PLU) permet encore de construire sur une zone à risques ?
Tags: collectivités, compétences, gouvernance, PPP, pratiques, Primo, référentiels, règles, standards, Udite